Claude-Joseph Dorat

Les Malheurs De L’inconstance

France   1772

Genre de texte
roman

Contexte
Le rêve figure dans la lettre xli (De Madame De Syrcé, au comte De Mirbelle) qui est l’une des dernières lettres de la première et avant-dernière partie du roman.

Le comte de Mirbelle est amoureux de la marquise de Syrcé. Pour fuir l’amour qu’elle éprouve peu à peu pour lui, la marquise part de Paris en séjour chez le maréchal De. Là-bas, la marquise écrit une lettre au comte pour lui raconter un rêve qu’elle a fait dans lequel elle se faisait courtiser par un génie des airs.

Texte témoin
Collection complete des Œuvres, Neuchatel, Impr. de La Société Typographique, 1775. T.3., p. 151.




Le rêve de Mme de Syrcé

Le pur amour des sylphes

À propos de rêves, il faut que je vous raconte celui que j’ai fait cette nuit; je l’attribue aux idées volatiles qui m’occupent le jour.

Je rêvois donc que j’étois dans un bosquet sombre; j’y pensois à bien des choses, j’y faisois des réflexions; elles m’amenerent à souhaiter un silphe... mais un vrai silphe. Soudain il m’en apparut un : il sortoit d’un nuage d’or, il avoit un vêtement bleu céleste, et une figure... que je n’ai point oubliée. Ses regards étoient pleins de tendresse, et non d’une ardeur inquiétante; le son de sa voix pénétroit jusqu’au coeur; il ne demandoit rien, il ne vouloit qu’aimer. Il commençoit à m’entretenir des moeurs des silphes, de la pureté de leurs feux, je crois même qu’il me disoit du mal des hommes; je l’écoutois, j’avois du plaisir à l’entendre... quand une de mes femmes vint m’éveiller. Adieu mon silphe, et vraiment je le regrette.

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