Anonyme

La Chanson de Roland

France   1080

Genre de texte
Chanson de geste

Contexte
Ce troisiĂšme rĂȘve prĂ©monitoire [de Charlemagne] (vv. 2529-2554) annonce la guerre contre l'Ă©mir Baligant (le lion) et son armĂ©e (les monstres).

Texte original

Édition critique
Édition critique et traduction de Ian Short, Le Livre de Poche, «Lettres gothiques», Paris: Librairie gĂ©nĂ©rale française, 1990, laisse 185, vers 2525-2554.




3e rĂȘve de Charlemagne

Vision de bataille

Charles dort comme un homme accablé.
Dieu lui envoie saint Gabriel,
il lui commande de garder l'empereur.
À son chevet l'ange reste toute la nuit.
Par une vision, il lui a annoncé
qu'il y aura une bataille livrée contre lui;
il lui en montre le sens, lourd de conséquences.
Charles lĂšve les yeux vers le ciel,
voit les tonnerres, les vents et les gelées,
et les orages, les tempĂȘtes redoutables,
les feux, les flammes; tous sont prĂȘts:
d'un coup ils tombent sur toute son armée.
Les lances de frĂȘne et de pommier s'enflamment,
et les Ă©cus, jusqu'aux boucles d'or pur,
les hampes Ă©clatent sur les Ă©pieux tranchants,
les hauberts grincent, et les heaumes d'acier.
Charles voit ses hommes en grande détresse:
des léopards, des ours veulent les dévorer,
et des serpents, des vipÚres, des dragons, des démons,
et des griffons, plus de trente mille;
il n'en est pas qui ne se rue sur les Français.
Les Français crient: «À l'aide, Charlemagne!»
Le roi en souffre, de douleur et de pitié;
il veut y aller, mais il est empĂȘchĂ©:
du fond d'un bois un grand lion vient vers lui,
trÚs orgueilleux, féroce et dangereux,
il assaille et attaque le roi lui-mĂȘme;
Ă  bras-le-corps ils se prennent tous deux pour lutter;
mais il ne sait lequel abat l'autre ni lequel tombe.
L'empereur ne s'est pas réveillé.

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