Catherine Pozzi

Journal, 1913-1934

France   1932

Genre de texte
Journal

Contexte
Ce récit de rêve se trouve à l’entrée du 17 mars 1932.

Texte témoin
Journal, 1913-1934, Paris, Seghers, 1990, p. 604.




Panique

Le mariage ou la mort de Maman

Mon Dieu, mon Dieu, elle a pris froid le jeudi 10! Elle a pris froid à Vanves le jeudi 10. Et dans la nuit, je rêve qu’elle se marie, et je me réveille, et je me dis qu’elle va mourir et je sais, je sais qu’elle va mourir! Et elle meurt... Le rêve était tel : il se situait en lieux vagues qui se précisaient à la fin pour le 47 avenue d’Iéna. Et Maman nous annonçait son mariage avec un comparse, un homme respectable, et ennuyeux, provincial, «un Lyonnais» (Maman est de Lyon), qui était quelque chose dans quelque chose d’ennuyeux, droit ou finances. Et je lui disais: «Tu vas nous quitter ?» et elle répondait: «Mais naturellement !» Et elle parcourait (nous la suivions) le 1er étage, je crois, de la grande maison à elle, ave d’Iéna, et elle décidait de l’attribution des pièces: le «mari» devant en avoir 2 ou trois à la file (je crois mon ancienne chambre et celle de Papa)... «Tu nous quitteras ? Tu nous quitteras ?»
Oh, que n’ai-je cru ! Les bonnes femmes disent «rêve de mariage, rêve de mort». Sur quoi, sur quelle expérience séculaire ont-elles édifié ce jugement ? Sur quelles statistiques vraies, plus vraies ?

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