Anaïs Nin
Journal, 1955-1966 Genre de texte Contexte Texte original Texte témoin Édition originale
Journal
Ce récit se trouve à l’entrée du printemps 1957. Le Dr Bogner est la psychanalyste d’Anaïs Nin.
Journal, 1955-1966, Paris, Stock, 1977, p. 124-125.
The Diary of Anaïs Nin, 1955-1966, New York, Harcourt Brace Jovanovich, 1976, p. 93-94.
Le tigre
Rêve après une conversation sur les insultes et les vexations : Je suis dans une pièce. Un tigre bondit dans la pièce. Je sors en courant et referme la porte. Je continue à courir dans d’autres pièces, et à fermer des portes l’une sur l’autre, encore plus de portes. J’ai beau fermer autant de portes que je veux je sais que le tigre est là . Je ferme la dernière porte. On me donne un couteau. Je ne veux pas m’en servir.
Séance orageuse avec Bogner. C’est le conflit avec l’agression (le tigre) et je suis incapable de la tuer. J’avais interprété le tigre comme représentant les détracteurs de mon œuvre. Je retenais la colère. Je résistai à l’interprétation que le tigre faisait partie de moi-même. Je refermais des portes sur une partie de moi-même.
Bogner: «Vous oubliez que la résistance est nécessaire à la survie. C’est votre caractère. Sans cela vous seriez une non-entité fluide. Nous devons inclure le tigre en nous. Ce n’est pas un crime de défendre ou d’affirmer ce que l’on considère comme sa vérité. J’essaie seulement de vous montrer que lorsqu’il s’agit de regarder en face vos agressions, vous fuyez en refermant dessus des portes. Il est naturel chez vous de vous mettre en colère devant le refus de votre œuvre.»