Mme Cottin

Mathilde

France   1805

Genre de texte
roman

Contexte
Mathilde, sœur du roi chrétien Richard en guerre contre les Sarrasins, tombe amoureuse de Malek Adhel, le frère du sultan musulman, qui l’a enlevée. Elle lui promet de l’épouser lorsqu’il se sera converti à la religion chrétienne. Alors que son frère proclame qu’il donnera sa main à celui qui tuera Malek Adhel, Mathilde fait ce songe. Terrifiée par ce rêve, elle va voir le roi et lui avoue tout.

Texte témoin
Oeuvres Complètes, T.4 et 5. Paris, Rapilly, 1825, p. 108.




Un rêve récurrent de Mathilde

Son frère veut tuer son amant

Accablée de tristesse, elle se jeta sur son lit; mais à peine le sommeil se fut-il emparé de ses sens, que les plus horribles fantômes vinrent la livrer à d’insupportables tourmens; elle croit voir Malek Adhel traîné dans la poussière, jeter vers elle des cris douloureux, et lui montrant le sang qui coule par flots de ses larges blessures, lui reprocher d’avoir laissé mettre un prix à sa mort : trois fois elle s’éveille et s’efforce d’écarter ces funèbres images : trois fois elle se rendort et les retrouve encore; ce n’est pas seulement le cadavre ensanglanté du prince qui la poursuit, c’est le barbare Lusignan, le foulant aux pieds avec orgueil; ce sont les plaies de Malek Adhel qu’elle compte; c’est une voix sépulcrale qui lui crie : «que n’as-tu parlé; que n’as-tu avoué à ton frère le lien qui nous unit; il l’auroit respecté, il auroit retenu les bras qu’il encourage, et je ne serois pas tombé dans les gouffres éternels.» à ces mots, le sommeil fuit de la paupière de Mathilde; frappée d’une inconcevable terreur, l’ame déchirée d’angoisses, elle se lève, s’écrie, s’épouvante de plus en plus; car, tout éveillée qu’elle est, les mêmes images l’entourent, et maintenant son rêve ne lui paroît plus une vapeur fantastique, fruit d’un esprit toujours occupé du même objet, mais une révélation certaine du malheur qui l’attend.

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