Jean Anthelme Brillat-Savarin
Physiologie du goût Genre de texte Contexte Brillat rapporte ici un récit que lui a raconté un ancien prieur de la chartreuse de Pierre-Châtel. Le prieur lui a dit qu’un jeune prêtre somnambule a essayé de le poignarder après avoir rêvé qu’il avait tué sa mère. Le prieur a pardonné au prêtre en expliquant que l’acte de rêver est un acte involontaire. Texte témoin
traité
Le récit de rêve se situe à la méditation 17, soit au milieu du livre qui compte 30 méditations.
Physiologie du goût, ou Méditations de gastronomie transcendante. Paris, Charpentier, 1847, page 197.
Une action involontaire
« Mon père », me répondit-il, « j’ai fait un rêve si étrange que j’ai véritablement quelque peine à vous le découvrir : c’est peut-être l’œuvre du démon, et... »
« Je vous l’ordonne, lui répliquai-je, un rêve est toujours involontaire; ce n’est qu’une illusion. Parlez avec sincérité. »
« Mon père, dit-il alors, à peine étais-je couché que j’ai rêvé que vous aviez tué ma mère; que son ombre sanglante m’était apparue pour demander vengeance, et qu’à cette vue j’avais été transporté d’une telle fureur, que j’ai couru comme un forcené à votre appartement; et vous ayant trouvé dans votre lit, je vous y ai poignardé. »