Pierre Corneille
Horace Genre de texte Contexte Albe et Rome sont en guerre. Pour résoudre le conflit, chaque ville a désigné trois hommes pour combattre. Horace, frère de Camille, et Curiace, son futur époux, s’affronteront. Camille fait ce songe au début de la pièce, songe qui annonce la mort de Curiace et de ses frères sous l’épée d’Horace. Ce rêve qui se trouve au début de la pièce (acte I, scène II) pourrait aussi prédire le meurtre de Camille par son frère Horace. Texte témoin
Théâtre (vers)
Le rêve se situe à la scène II du premier acte.
In : Å’uvres. Ed. Ch. Marty Laveaux, T.3, Paris : Hachette, 1862, p. 291.
Visions de carnage
Le combat général aujourd’hui se hasarde;
j’en sus hier la nouvelle, et je n’y pris pas garde :
mon esprit rejetoit ces funestes objets,
charmé des doux pensers d’hymen et de la paix.
La nuit a dissipé des erreurs si charmantes :
mille songes affreux, mille images sanglantes,
ou plutôt mille amas de carnage et d’horreur,
m’ont arraché ma joie et rendu ma terreur.
J’ai vu du sang, des morts, et n’ai rien vu de suite;
un spectre en paroissant prenoit soudain la fuite;
ils s’effaçoient l’un l’autre, et chaque illusion
redoubloit mon effroi par sa confusion.
Julie.
C’est en contraire sens qu’un songe s’interprète.
Camille.
Je le dois croire ainsi, puisque je le souhaite;
mais je me trouve enfin, malgré tous mes souhaits,
au jour d’une bataille, et non pas d’une paix.