Un arbre pousse sur son matelas

Passons du temps. Une pierre est posée sur le chemin. Une pierre. C’est un rêve.

Je commence à parler (très difficilement je vous assure) à expliquer comment je remue mon bras, que je le regarde, bien, à me donner la preuve, pour que le signe (ou le cygne) que j’ai été cesse... et comment la jambe repliée s’allonge, s’allonge et devient infiniment plate le long du lit. Tout ceci se multiplie rapidement et me donne des preuves et me permet de me relever avec le sentiment que mon dos est un effort sinon une vraie réussite. Tout cela se détache mal encore et remonte une ou plusieurs fois, et quand le mur retombe de biais, la vitre laisse passer la lueur de la lune : alors il n’y a rien à faire, la réalité ne peut plus être atteinte, il faut attendre. Attendre.

Je suis tirée de cet enchantement diabolique par un petit souvenir mignon de son épaule avec une plaque de sueur, que j’embrasse, tandis que le faux-col est à terre.

Tout change. Je me vois couchée, fatiguée! dans mon lit de jeune fille. Un arbre pousse du matelas, entre mes genoux et vers les hanches, un arbre dur, méchant comme un crocodile. Cet arbre me condamne à mort; il fait que je suis clouée vive dans la terre. Je suis condamnée à mort mais je ne souffre pas. Une vieille femme « qui a fait beaucoup de théâtre » se tient à côté de mon lit et songe. Elle rit de temps en temps. Mon sang s’écoule mais la vieille le recueille dans ses mains et dit : « Il ne faut pas le laisser perdre. » Elle ajoute qu’à la fin heureusement on m’entendra hurler de toute la terre!