Michel Leiris

L’Afrique fantôme

France   1932

Genre de texte
journal

Texte témoin
Paris : Gallimard, 1968, p. 279-280




Érotisme de masse

En pyjama et casque colonial

Rêves : nous revenons tout de suite à Paris, ayant manqué non le voyage en Abyssinie, mais celui au Cameroun. De ce séjour à Paris découlent : 1) étrange histoire de mariage avec une très jeune fille – presque petite fille – que j’ai rencontrée une fois dans la réalité; 2) aventure dans l’autobus : je suis debout, une jeune femme ou jeune fille me caresse l’anus. Voyant qu’elle va descendre, je me retourne, lui baise la main et lui dit de m’attendre, car j’ai perdu mon pardessus. Je recherche ce dernier, sans succès, dans les « vestiaires » du métropolitain. Je retourne ensuite vers l’endroit où m’attend la jeune fille. Avant que j’aie pu lui faire signe que j’arrive, je la vois qui s’en va. Je la suis rapidement. Je suis alors en pyjama et en casque colonial. Au bout d’une rue je l’aperçois qui disparaît. J’entre dans la maison où je suppose qu’elle est entrée : c’est une vaste villa à jardins à terrasses; des personnages nus y sont accouplés, la tête en bas, avec des statues priapiques. Il y a de nombreuses salles où des femmes assises et habillées attendent, comme chez la manucure, leur tour de passer par divers sièges et instruments de jouissance maniés par des matrones. Dans un couloir, je croise un gros vieil homme tout nu. Étant alors nu moi-même, je m’efface le plus possible pour éviter de le toucher. Je suis déçu, ayant cru que l’aventure de l’autobus était une aventure unique et m’apercevant maintenant que j’ai dû avoir affaire à une spécialiste.

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