Paul Gadenne

L’invitation chez les Stirl

France   1955

Genre de texte
roman

Contexte
Le rêve se situe au dernier quart du roman.

Olivier accepte l’invitation des Stirl de faire un séjour chez eux, dans leur riche propriété. Un jour, Mme Ethel Stirl lui raconte que, lors d’une promenade du côté de la ferme, les paysans l’ont menacée de leurs fourches et les enfants lui ont lancé des pierres. Ils lui reprochent la mort de leurs poules qui sont pourchassées par les chiens des Stirl. Olivier, qui est amoureux d’Ethel, se laisse toucher par sa tristesse et fait ce rêve peu après.

Texte témoin
Paris : Gallimard, 1955, p. 127-128.




Rêve d’Olivier

Une réalité à peine transposée

Sur la prairie d’un vert intense, indéfiniment, Olivier plein de haine lançait les chiens à travers la masse en mouvement des poules affolées ; et il riait de voir les volatiles, pris de panique malgré leur nombre, se précipiter, apeurés, dans une énorme bousculade, et basculer dans les fossés ou voler par-dessus les haies. Après quoi les fermiers, armés de bâtons, la figure hirsute et sauvage, le teint ardent, se ruaient en criant sur la Villa et cherchaient Mme Stirl pour la frapper.

Olivier survenait alors, et défendait courageusement la porte.

— Allez-vous en! criait-il. Celle que vous cherchez n’est pas ici!

— Nous en viendrons à bout, criaient les autres. Nous la trouverons! Pourquoi vient-elle nous provoquer ? Nous n’avons pas besoin d’elle!...

— Elle non plus n’a pas besoin de vous, répliquait Olivier, ni de vos poules !... Elle n’a besoin de personne. Vous entendez? de personne. Tant qu’elle vivra, nous serons tous de trop, vous et moi, et tous les autres!...

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