Marcel Raymond
Poèmes pour l’absente Genre de texte Contexte Texte témoin
Poésie
Cette œuvre est divisée en deux livres séparés par une section intitulée « Rêves » dans laquelle figurent onze récits de rêves.
Poèmes pour l’absente, Lausanne, Éditions Rencontre, 1968, p. 53-77.
L’abat-jour
Elle s’avançait vers moi dans le soleil. Il y avait beaucoup de monde dans la rue. Elle portait sur le front un étrange abat-jour de verre transparent. Je l’attirai à moi, déposant un baiser sur sa tempe. Alors je vis que nous étions seuls, il n’y avait plus de soleil. Peut-être étions-nous étendus côte à côte. Je pris sa tête dans mes mains, je la pressai longuement, tendrement. Ce poids me ravissait, je murmurai je ne sais quoi. Mais j’émergeais peu à peu du sommeil. Le temps d’un vol d’oiseau je la crus vivante : j’étais couché sur le flanc droit et j’appuyais les paumes de mes deux mains sur le côté gauche de ma poitrine.