Euripide

Iphigénie en Tauride

Grèce   -414

Genre de texte
théâtre

Contexte
Le rêve survient au tout début de la pièce, vers 42 à 55.

Pour calmer la déesse Artémis, le roi Agamemnon a dû sacrifier sa propre fille Iphigénie à son autel. Cependant, la déesse a sauvé Iphigénie de la mort, la remplaçant par une biche sous le couteau du sacrificateur et l’emmenant en Tauride pour être prêtresse à son temple. Cependant, à ce temple sont sacrifiés tous les étrangers capturés en Tauride, et bien qu’elle ne se souille pas les mains, Iphigénie se charge de préparer les victimes, les aspergeant d’eau. C’est pourquoi ce rêve, qui en fait lui annonce l’arrivée d’Oreste, qu’elle devra sauver du sacrifice, lui fait croire que ce frère est déjà mort.

Notes
« Je viens les dire au jour » : les Grecs pensaient que dire devant la lumière du soleil un rêve annonçant un malheur pouvait permettre de conjurer le sort annoncé. C’est pourquoi Iphigénie dit son songe au grand jour.

Agamemon : roi de Mycènes, il commandait les armées grecques durant la guerre de Troie.

Commentaires
Devereux note que ce rêve est d'un type inhabituel. Iphigénie rêve qu'elle dort : ce qui représente un déni de la pensée du rêve. Elle traite le rêve comme un oracle, mais en fait une interprétation erronée en croyant qu'Oreste est mort.

Texte original

Texte témoin
Euripide, trad. Louis Méridier, Coll. Budé, Les Belles Lettres, Paris,1927, t. IV, p. 115-116

Édition originale
Euripide, Iphigenia in Tauris, ed. Gilbert Murray, Site Perseus, t.q. vu le 13/11/2004, basé sur Euripides, Euripidis Fabulae, trad. angl. Gilbert Murray, Oxford - Clarendon Press, Oxford,1913, v.2




Rêve d’Iphigénie

Une victime

IPHIGENIE
Mais j’ai eu cette nuit d’étranges visions. Je viens les dire au jour : peut-être est-ce un remède? En songe, il m’a semblé que loin, bien loin d’ici, j’habitais en Argos et que je reposais dans ma chambre de vierge. Or la terre trembla et je m’enfuis hors du palais. Je vis alors s’écrouler le couronnement des murs, le toit, du faîte des piliers, s’abattre sur le sol. Or, donc, un seul pilier du palais paternel, à ce qu’il me parut, était resté debout. Du chapiteau, soudain, poussent des cheveux blonds, cependant qu’une voix humaine s’en échappe. Moi, faisant mon office aux étrangers fatal, j’aspergeais ce pilier ainsi qu’une victime consacrée à la mort. Et je pleurais. J'interprète le rêve comme suit: celui qui était mort est Oreste et c'est pour lui que j'accomplissais le rituel. Car les enfants mâles sont les piliers de la maison. Et ceux que lavent mes ablutions sacrées meurent. Je n'ai pas d'autres amis qui s'adaptent à ce rêve.

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