Homère

L’Odyssée

Grèce   -800

Genre de texte
épopée

Contexte
Ce rêve est situé au début du chant IV, dans la seconde et avant dernière partie de l'Odyssée. Ulysse, quittant l’île de Calypso, a été pris par la tempête, œuvre de Poséidon, et échoue sur les côtes de Phéacie. Alors qu’épuisé, il se repose, Athéna va le faire héberger par le roi. Pour cela, elle apparaît en songe à Nausicaa, fille du roi Antinoos, qu'elle presse de descendre laver les vêtements en lui promettant un mariage prochain. Nausicaa va trouver Ulysse en train de dormir sur la rive, épuisé. Elle en tombera amoureuse, mais le héros devra la laisser pour continuer sa route.


Rencontre d'Ulysse et de Nausicaa. Amphore du Ve siècle av. J.-C. Munich, Antikensammlung. Photo Erich Lessing.

Notes
Ulysse est roi d’Ithaque, et l'Odyssée raconte son retour épique de Troie, où il avait guerroyé dix ans durant aux côtés du roi de Mycènes, Agamemnon.

Texte original

Texte témoin
Homère, Odyssée, trad. Victor Bérard, coll. Budé, Les Belles Lettres, Paris, 1962,v. 1, p. 167-168, VI, 15-41

Édition originale
Homer, Odyssey, Site Perseus tel que vu le 20/12/04, basé sur Homer, The Odyssey, trad. angl. A. T. Murray, Harvard University Press, London, 1919 (2 volumes)




Rêve de Nausicaa

Une mission divine

La déesse aux yeux pers s’en fut droit à la chambre si bellement ornée, où reposait la fille du fier Alkinoos, cette Nausicaa, dont l’air et la beauté semblaient d’une Immortelle : aux deux montants, dormaient deux de ses chambrières qu’embellissaient les Grâces; les portes, dont les bois reluisaient, étaient closes.

Comme un souffle de vent, la déesse glissa jusqu’au lit de la vierge. Elle avait pris les traits d’une amie de son âge, tendrement aimée d’elle, la fille de Dymas, le célèbre armateur. Sous cette ressemblance, Athéna, la déesse aux yeux pers, lui disait :

«Tu dors Nausicaa!… la fille sans souci que ta mère enfanta! Tu laisses là, sans soin, tant de linge moiré! Ton mariage approche; il faut que tu sois belle et que soient beaux aussi les gens de ton cortège! Voilà qui fait courir les belles renommées, pour le bonheur d’un père et d’une auguste mère!… Vite! partons laver dès que l’aube poindra, car je m’offre à te suivre pour finir au plus vite! Tu n’auras plus longtemps, je crois, à rester fille : les plus nobles d’ici, parmi nos Phéaciens dont ta race est parente, se disputent ta main… Sans attendre l’aurore, presse ton noble père de te faire apprêter la voiture et les mules pour emporter les voiles, draps moirés et ceintures. Toi-même, il te vaut mieux aller en char qu’à pied : tu sais que les lavoirs sont très loin de la ville.»

À ces mots, l’Athéna aux yeux pers disparut.

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