Ils auront un fils

Cette nuit-là, vers l'heure de la cinquième veille, alors que les deux époux dormaient encore, Song Dun en rêve vit paraître le vieux moine sur le seuil de sa maison. Après s'être prosterné dans une attitude pleine de reconnaissance, il lui dit: «Apprenez, ô bienfaiteur, vous qu'une sincère piété inspire, que les arrêts du destin vous concernant, comportaient premièrement que vous n'eussiez point de fils, mais aussi que votre vie ne devait point se prolonger au-delà de ce jour. Or votre cœur compatissant a su toucher Shangdi, qui a ordonné que votre existence soit prolongée de la moitié d'un cycle. Pour moi, j'ai contracté une dette envers vous, mon bienfaiteur: et c'est avec joie que je trouverai bientôt en votre demeure, sous les traits du fils qui vous naîtra, l'occasion de vous témoigner toute la gratitude que m'inspire ce grand bienfait, par lequel vous avez refermé le cercueil sur mes restes.» Et Mme Lu elle aussi eut une apparition pendant le cours de son rêve: elle vit un arhat au corps d'or pénétrer dans sa chambre, et cette vision lui causa une telle surprise, que le cri qu'elle poussa réveilla son mari avec elle.

Ils se racontèrent alors chacun le songe qu'ils avaient eu, et furent longtemps sans savoir qu'en penser, espérant et doutant à la fois, et laissant échapper plus d'un soupir.