Anonyme
La Chanson de Roland Genre de texte Contexte Notes Texte original Édition critique
Chanson de geste
À la suite d’une campagne qui l’a rendu maître de presque toute l’Espagne sarrasine, Charlemagne décide de rentrer en France. Il fait ce rêve peu avant le désastre de Roncevaux, où son arrière-garde sera écrasée: le rêve lui annonce la mort de Roland.
- v. 3: cols de Cize: col des Pyrénées
- v. 5: le comte Ganelon: le traître, responsable de la défaite de Roncevaux et de la mort de Roland.
- v. 11: le duc Naimes: compagnon de Charlemagne
- v. 18: mon neveu: Roland
- v. 19: pays étranger: l’Espagne
Édition critique et traduction de Ian Short, Le Livre de Poche, «Lettres gothiques», Paris: Librairie générale française, 1990, laisse 56, vers 717-724; laisse 67, vers 829-840.
Il pressent la trahison de Ganelon
Le jour s'en va, la nuit est tombée;
Charles, le puissant empereur, est endormi.
Il eut un songe: il était aux plus hauts cols de Cize,
tenait sa lance à la hampe de frêne;
le comte Ganelon s'en est emparé:
il l'a brandie et brisée avec une telle violence
que les éclats en volent vers le ciel.
Et Charles dort, il ne s'éveille pas. […]
L’empereur revient en France;
sous son manteau il perd contenance.
À son côté chevauche le duc Naimes,
il dit au roi: «Pourquoi cette tristesse?»
Charles lui répond: «Qui le demande m'offense!
J’ai tant de peine qu’il me faut la montrer.
La France sera par Ganelon démunie!
J’ai eu cette nuit, d’un ange, une vision:
Ganelon brisait ma lance entre mes poings,
ce même Ganelon qui a désigné mon neveu à l’arrière-garde.
Je l’ai laissé dans un pays étranger;
Si je le perds, Dieu! jamais je ne pourrai le remplacer.»