John Bunyan

The Pilgrim’s Progress

Angleterre   1794

Genre de texte
roman

Contexte
The Pilgrim’s Progress est conçu, dans son ensemble, comme un rêve allégorique. Le rêveur rêve d’un pèlerin, Christian, qui voyage et qui rencontre diverses épreuves qui représentent allégoriquement celles d’un voyage de quête spirituelle. La deuxième partie de l’œuvre, d’où est tiré cet extrait, raconte les aventures de Christiana, la femme de Christian, qui entreprend un voyage similaire avec d’autres personnes. Dans cet épisode, les pèlerins sont arrivés au havre de l’Auberge Porter. Sa compagne Miséricorde s’endort, et fait un rêve qu’elle racontera ensuite à Christiana.

Texte original

Texte témoin
Le Voyage du Pèlerin, Charleroi, Œuvre Biblique de Belgique, 1939, p. 258-9. Traduction faite d’après l’original par S. Maerky-Richard.

The Pilgrim’s Progress, Oxford, Oxford UP, 2003, p. 209-11.




Le rêve de Miséricorde

Elle a ri en dormant

En se réveillant, le lendemain matin, Christiana dit à Miséricorde:
— Pourquoi avez-vous ri en dormant, cette nuit ? Je suppose que vous avez fait un rêve ?
— Effectivement, et c’était un doux rêve ; mais êtes-vous bien sûre que j’aie ri ?
— Oui, vous riiez de bon cœur. Mais je t’en prie, Miséricorde, raconte-moi ton songe.
— Je rêvais que j’étais assise, seule, dans un lieu solitaire, et que je me lamentais sur la dureté de mon cœur. Je n’étais pas assise depuis longtemps, lorsque je crus voir beaucoup de gens m’entourer, me regarder, et écouter ce que je disais. Tandis qu’ils écoutaient, je continuais à me lamenter sur la dureté de mon cœur. Quelques-uns se moquèrent de moi, d’autres me traitèrent de folle, d’autres, enfin, se jetèrent sur moi. Il me sembla alors que je regardai en haut, et je vis quelqu’un, qui avait des ailes, se diriger de mon côté. Il vint droit à moi, et me dit : «Miséricorde, qu’est-ce qui te tourmente?» Quand il eut entendu mes plaintes, il me dit : «La paix soit avec toi!» Il essuya mes yeux avec son mouchoir et me revêtit d’argent et d’or. Il mit un collier autour de mon cou, des boucles à mes oreilles, et une superbe couronne sur ma tête. Puis il me prit par la main, et dit : «Miséricorde, viens avec moi!» Il partit et je le suivis jusqu’a ce que nous fussions arrivés à une porte d’or. Il frappa, et quand on nous eut ouvert, il entra, et je le suivis jusqu’au trône sur lequel était assis quelqu’un qui me dit : «Sois la bienvenue, ma fille!»
L’endroit était brillant et étincelant comme les étoiles, ou plutôt comme le soleil, et je crois que j’ai vu là votre mari. Alors, je me suis réveillée. Mais ai-je vraiment ri?
— Certainement, et c’est naturel puisque vous vous trouviez si bien. Car vous me permettrez de vous dire que c’était un bon rêve.
Comme vous avez vu la première partie se réaliser, vous verrez aussi l’accomplissement de la seconde. « Dieu parle, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point garde. Il parle par des songes, par des visions nocturnes, quand les hommes sont livrés à un profond sommeil. » Il n’est pas nécessaire, quand nous sommes au lit, de rester éveillés pour parler avec Dieu ; il peut nous visiter pendant notre sommeil et nous faire entendre sa voix. Notre cÅ“ur veille souvent, tandis que nous dormons, et Dieu peut lui parler par des mots, par des proverbes, par des signes et des paraboles aussi bien que si l’on était éveillé.
— Eh bien, je suis contente de mon rêve, dit Miséricorde, car j’espère le voir réalisé avant peu, et je rirai encore de bon cœur!

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