Charles-Pierre Colardeau

Lettre d’Héloïse à Abailard

France   1758

Genre de texte
poésie

Contexte
Le rêve se trouve au tout début du texte dans la section intitulée « Héloïse est supposée dans sa cellule occupée à lire une lettre d’Abailard, et à y faire réponse ».

Séparée de son époux Abélard, Héloïse, dans sa cellule de l’abbaye, écrit à son mari un songe qu’elle a fait de lui.

Texte témoin
S.L., Au Paraclet, 1758, p. 20.




Le rêve d’Héloïse

Brûlante passion

Ah! Qu’Héloïse envie et vos nuits et vos jours!
Héloïse aime et brûle au lever de l’aurore,
au coucher du soleil elle aime et brûle encore,
dans la fraîcheur des nuits elle brûle toujours.
Elle dort pour rêver dans le sein des amours.
À peine le sommeil a fermé mes paupieres,
l’amour, me caressant de ses aîles légeres,
me rappelle ces nuits, cheres à mes desirs,
douces nuits, qu’au sommeil disputoient les plaisirs!
Abailard, mon vainqueur, vient s’offrir à ma vue :
je l’entends... je le vois... et mon ame est émue.
Les sources du plaisir se r’ouvrent dans mon coeur;
je l’embrasse... il se livre à ma brûlante ardeur.
La douce illusion se glisse dans mes veines :
mais que je jouis peu de ces images vaines!
Sur ces objets flatteurs, offerts par le sommeil,
la raison vient tirer le rideau du réveil.

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