Ovide
Les Métamorphoses Genre de texte Contexte Notes La Faim n’apparaît pas au dormeur et ne lui parle pas, mais se contente d’agir en suscitant une sensation de faim inextinguible. La déesse de la Faim, pure allégorie, agit par contagion et utilise le canal de l’haleine. Le cauchemar commence dès son départ et se poursuivra à l’état éveillé. Le rêve ouvre ici sur le merveilleux. Texte original Texte témoin Bibliographie
Poème
Érysichton a abattu un chêne sacré et commis de graves impiétés. Une nymphe demande sa punition à Cérès, la déesse des moissons. Celle-ci fait mander à la Faim, qui vit dans un désert au loin, de venir punir le criminel. Après son réveil, Érysichton ne réussira toujours pas à apaiser sa faim.
Ce songe est particulièrement original et diffère du songe-type de l’épopée, comme le note Jean Bouquet.
Les Métamorphoses, 8, 815-25. Texte et traduction extraits de Itineraria electronica.
Jean Bouquet, Le songe dans l’épopée latine d’Ennius à Claudien, Bruxelles, Labor, 2001.
Sensations pénibles
La Faim, quoique dans tous les temps si contraire à Cérès, se dispose à exécuter l’ordre qu’elle reçoit. Un tourbillon rapide l’emporte au palais de l’impie. Elle entre alors que le sommeil sur ses yeux répandait ses pavots. La nuit couvrait la terre de son ombre.
La faim s’étend sur lui, l’embrasse, le serre sur son sein: sa bouche impure souffle dans sa bouche; et quand de son haleine les poisons dévorants ont pénétré ses entrailles et courent dans ses veines, le monstre quitte une terre pour lui trop fertile, regagne ses rochers arides et son affreux désert. Encore bercé dans les douces illusions du sommeil, Érysichthon demande et voit des mets imaginaires. Il ouvre une bouche avide, fatigue ses dents sur ses dents, et son gosier ne reçoit que du vent.
Il s’éveille; une faim ardente le presse et le déchire. Elle règne dans sa gorge aride et dans ses entrailles, gouffre toujours avide. Il ordonne, et sur sa table les mets se succèdent en vain.