François Béroalde de Verville

Le moyen de parvenir

France   1610

Genre de texte
Roman

Contexte
Le rêve se trouve au chapitre 45, intitulé « Texte », du livre qui en compte 111.

Selon Bernard de La Monnoye qui a écrit une dissertation accompagnant l’œuvre, Le Moyen de Parvenir est un recueil de conversations portant sur des sujets divers menées par des personnages d’époques différentes et de classes sociales variées. Le songe du paysan, raconté par l’Autre à Lucien, fait partie d’un conte emprunté à Pogge et sert ici à illustrer un dicton.

Texte original

Texte témoin
Paris : Garnier Freres, 1879, p. 151.




Besoins physiques

Dur réveil

Vous ne changerez jamais, encore que notre bon ami Pythagore vous ait fait passer par son alambic; si est-ce que vous êtes toujours de même; et je crois que c’est vous qui en êtes la vraie farine de diable; d’autant que Dieu vous fit bon comme farine, et vous êtes méchant comme bran. Et afin que vous le sachiez, je vous dirai d’où vient ce dicton, et je me dépêcherai afin que le bon homme ait son sac.

Il y avait un pauvre paysan qui avait quantité d’enfants, et n’avait point de pain pour leur donner, pour lors que la famine pressait. Une nuit, s’étant endormi de tristesse, il songea qu’il trouva le diable qui le consola, et lui dit que, s’il voulait, il lui donnerait de quoi bailler à dîner à son menu peuple; et là-dessus le mena en une forêt obscure où il lui montra de grands sacs pleins de farine. Le paysan, ébahi et aise, dit : «Mais comment trouverai-je ce lieu, si j’en pars ?» Le diable lui dit : «Eh ! Chie auprès pour le remarquer.» Le triste pauvre homme s’efforça, et fienta dans le lit plus que six ladres constipés ne feraient par un clystère renforcé de quadruple dose de fine bénédicte. À son réveil, il trouva le bran, en quoi s’était réduite toute cette diabolique farine.

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