Artémidore

Jugements astronomiques des songes (V)

Grèce   125

Notes
Cet ouvrage a été immensément populaire au Moyen Age. Ci-dessous, la couverture d'une édition savante de la Renaissance chez Alde Manuce à Venise.
Edition du livre d'Artémidore

Texte témoin
LES JUGEMENS ASTRONOMIQUES des Songes, par ARTEMIDORE, Auteur ancien et renommé. Plus Auguste Niphe des Divinations, & Augures, par Anthoine du Moulin. A TROYES, Chez NICOLAS OUDOT, demeurant en la ruë Notre Dame : au Chapon d’Or Couronné, 1634.

Premier livre
I b. Des arts, ouvrages et exercices
II a. Des activités usuelles
II b. Des animaux
II c. De naviguer
II d. Des lieux de plaidoirie
III a. Du jeu
III b. Des plantes
IV a. De la variété des songes
IV b. Des choses qui adviennent
V. Exemples de songes

Bibliographie
Pour une version moderne et intégrale de cet ouvrage :
Artémidore :La clef des songes. Onirocritique, traduit du grec par Jean-Yves Boriaud, Paris, Arléa, 1998.

Artémidore, La clef des songes , traduit par A.J. Festugière. Paris, Vrin, 1975.

Texte original




Règles d'interprétation

[11/11]

TOME CINQUIEME DU LIVRE D’ARTEMIDORE.
Contenant certains exemples de songes, avec les effets qui s’ensuivirent.

Quelqu’un songea qu’il buvait de la moutarde si claire et si bien broyée qu’elle était buvable : il advint qu’on lui brassait une accusation de crime, à savoir d’homicide, dont il fut si bien chargé et atteint, qu’il en reçut sentence de mort, et fut exécuté par la justice. Un autre songea que l’eau du Xanthe qui est près de Troie la grande, était toute transmuée en sang, un songe certes épouvantable et merveilleux : qu’en advint-il donc? Il perdit du sang à diverses reprises durant dix ans, et n’en mourut pas, comme on s’y serait attendu, parce que les grandes rivières et de renom ne tarissent pas, mais tirent toujours leur cours immortel.

Un homme songea que son matelas était plein de blé au lieu de plume. Il avait une femme qui jamais n’avait pas fait d’enfants, et cette année-là elle fut enceinte et lui fit un fils.

Un autre songea qu’il allumait sa chandelle à la Lune, et il devint aveugle, car il songea chose impossible. En outre, la Lune n’a point de lumière par elle-même.

Une femme songea qu’elle voyait dans la Lune de tristes images ou ressemblances d’elle-même, et elle enfanta des triplettes, qui au bout du mois moururent : car la Lune n’a qu’un mois de vie.

Un homme songea qu’il voyait son image ou représentation dans la Lune, et il fit des voyages lointains, vagabondant de ci delà longtemps : car le continuel changement de la Lune lui signifiait que souvent il changerait de lieu et d’habitation.

Un personnage songea qu’il avait son membre viril en fer massif, et il eut peu après un fils, par lequel il fut occis, car le fer par sa propre rouille se consume.

Un homme songea qu’un olivier lui sortait de la tête, et il suivit l’étude de philosophie, avec grand courage, et y acquit science et honneur durable, car c’est un arbre toujours vert et solide, et de toute antiquité dédié à la déesse Minerve, réputée déesse de sagesse.

Un maître songea qu’un serviteur qu’il aimait plus tous les autres était transmué en une torche ou flambeau, et il perdit la vue, et fut mené et conduit par ledit serviteur.

Un serviteur songea qu’il voyait tomber du ciel une étoile, et qu’il en sortait une autre de la terre, et qui montait au Ciel. Son maître trépassa et le fils de son maître monta au lieu du père.

Un frère ayant sa sœur bien riche et malade, songea que devant la porte de la maison de celle-ci avait grandi un figuier, dont il cueillit sept figues noires et les mangea : sa sœur trépassa au bout de sept jours, et il fut son héritier.

Un homme songea qu’il dévêtait sa peau et se renouvelait comme un serpent, et le lendemain il mourut, car l’âme qui devait en peu de temps laisser le corps lui représentait telle vision en songe.

Un autre songea que son père retirait sa sœur mariée d’avec son mari, et la donnait en mariage à un autre. Il advint qu’il mourut tôt après : car le père représentait Dieu le Créateur et père céleste de nos âmes : cette sœur représentait l’âme de celui qui songeait, laquelle sœur étant séparée d’avec son époux et donnée à un autre, voulait dire qu’elle serait séparée de son corps, et vivrait et converserait ailleurs : comme quoi les âmes de ceux qui meurent ne font que changer de lieu.

Un homme songea qu’il était gros d’enfant, et qu’il enfantait deux filles noires, et il perdit les deux yeux, ou la vue : car les deux paupières qui couvraient les yeux lui tombèrent.

Un fils étant loin de son pays, songea que sa propre mère l’enfantait derechef, il retourna en son pays, trouva sa mère malade, et fut son héritier par mort, et ce songe voulait lui dire et signifier que par sa mère, de pauvreté il viendrait à richesse.

Un homme songea qu’il mangeait son pain trempé dans du miel, et il appliqua son esprit aux sciences et philosophie, et acquit sagesse, honneurs et biens : le miel donc par ce songe lui signifiait la douceur de la sagesse et le pain opulence.

Un autre songea que de son estomac lui sortaient des épis de blé, et que quelqu’un survint qui les lui arracha, il avait deux fils qui tôt après lui moururent.

Page d'accueil

- +