Julien Green
Journal Genre de texte Contexte Texte témoin
Journal intime
Le rêve prend place à l’entrée datée du 19 octobre 1933.
Journal, Paris, Plon, 1969, vol. 1: 1928-1949, p. 142.
Je porte mon cheval
Un rêve absurde et charmant qui m’a fait rire tout seul, à mon réveil. Je me revois à dix-neuf ans, parcourant à cheval une mauvaise route de Virginie. Cette promenade dure quelque temps, et tout à coup, mon cheval me parle : «Voilà trois heures que je te porte. Je suis fatigué. À ton tour, maintenant.» Je saute à terre et je vois ma monture diminuer sous mes yeux. Bientôt, ce n’est plus qu’un poney, et ce poney se rapetisse encore jusqu’à n’être pas plus gros qu’un jeune chien. Alors je prends mon cheval sous mon bras et le porte jusqu’à la maison.