Henri Murger

Scènes de la vie de bohème

France   1869

Genre de texte
roman

Contexte
Le rêve se situe au début du livre, au chapitre III intitulé « Les amours de carême ». Le roman compte 23 chapitres.

Le poète Rodolphe rentre chez lui un soir de carême avec l’intention de travailler. Il est dérangé par les bruits que font sa voisine et son amant. Il sort prendre l’air et rencontre en route des couples de toutes sortes qui s’embrassent et s’enlacent. Il se rend chez son ami Marcel, qui ne peut le recevoir étant en compagnie d’une femme, et il rencontre Colline qui attend une femme. Scandalisé par de tels comportements un soir de carême, il se rend au Luxembourg où il fait ce songe.

Texte témoin
Paris, M. Lévy, 1869, p. 54-55.




Le rêve d’un solitaire

Les noces de pierre

Et cependant, pénétré malgré lui d’un charme langoureux, il s’assit sur un banc et regarda sentimentalement la lune.

Au bout de quelque temps, il était entièrement sous le joug d’une fièvre hallucinée. Il lui sembla que les dieux et les héros de marbre qui peuplent le jardin quittaient leurs piédestaux pour s’en aller faire la cour aux déesses et héroïnes leurs voisines; et il entendit distinctement le gros Hercule faire un madrigal à la Velléda, dont la tunique lui parut singulièrement raccourcie. Du banc où il était assis, il aperçut le cygne du bassin qui se dirigeait vers une nymphe d’alentour.
– bon! Pensa Rodolphe, qui acceptait toute cette mythologie, voilà Jupiter qui va au rendez-vous de Léda. Pourvu que le gardien ne les surprenne pas!

Puis il se prit le front dans les mains et s’enfonça plus avant les aubépines du sentiment. Mais, à ce beau moment de son rêve, Rodolphe fut subitement réveillé par un gardien qui s’approcha de lui et lui frappa sur l’épaule.

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