André Breton
Clair de terre Genre de texte Contexte Le titre désigne explicitement « Cinq rêves », tous dédiés à Georges de Chirico (Giorgio de Chirico, 1888-1978), peintre italien d'origine grecque, très actif à Paris vers 1911-1914 et dont les rapports au surréalisme, nombreux et fluctuants, vont de précurseur à exclu (à partir de 1926). L'édition originale des trois premiers de ces rêves s'accompagnait de la reproduction d'une de ses toiles, le Cerveau de l'enfant (1914), que possédait André Breton. G. de Chirico (1888-1978), Le cerveau de l'enfant. Notes
Texte témoin Édition originale André Breton, premier des « Cinq rêves », Clair de terre, Paris, Littérature (coll. « Littérature »), 1923. Édition critique Bibliographie
recueil de poésies
Première des vingt-six pièces du recueil, deuxième des « Cinq rêves ».
Trocadéro: Station de métro portant le nom d'un palais aussi appelé Chaillot, qui abrite plusieurs musées. Les jardins du Trocadéro se trouvent devant la tour Eiffel, de l'autre côté de la Seine.
Enseigne du métro parisien dessinée en 1900 par Hector Guimard dans le style art nouveau.
André Breton, Clair de terre, précédé de Monts de piété, suivi de le Révolver à cheveux blancs, et de l'Air et l'eau, Paris, Gallimard, (coll. « Poésie »), 1966, p. 39.
André Breton, « Récit de trois rêves », dans la revue Littérature (Paris), nouvelle série, 1er mars 1922, p. 5-6. Il s'agit du deuxième des trois rêves dont il est précisé : « sténographie de Mlle Olla ». Ils sont accompagnés de la reproduction d'une toile de Chirico, le Cerveau de l'enfant (1914). Cf. Pléiade, p. 1191.
André Breton, OEuvres complètes, vol 1, Clair de terre, éd. Marguerite Bonnet, Paris, Gallimard (coll. « Bibliothèque de la pléiade »), 1988, p. 150.
Canovas : 94.
Trocadéro
J'étais assis dans le métropolitain en face d'une femme que je n'avais pas autrement remarquée, lorsqu'à l'arrêt du train elle se leva et dit en me regardant: « Vie végétative ». J'hésitai un instant, on était à la station Trocadéro, puis je me levai, décidé à la suivre.
Au haut de l'escalier nous étions dans une immense prairie sur laquelle tombait un jour verdâtre, extrêmement dur, de fin d'après-midi.
La femme avançait dans la prairie sans se retourner et bientôt un personnage très inquiétant, d'allure athlétique et coiffé d'une casquette, vint à sa rencontre.
Cet homme se détachait d'une équipe de joueurs de football composée de trois personnages. Ils échangèrent quelques mots sans faire attention à moi, puis la femme disparut, et je demeurai dans la prairie à regarder les joueurs qui avaient repris leur partie. J'essayai bien aussi d'attraper le ballon, mais... je n'y parvins qu'une fois.