Thomas De Quincey

Suspiria de Profundis

Angleterre   1845

Genre de texte
essai

Contexte
Dans Suspiria de Profundis, suite d'Un mangeur d’opium, De Quincey écrit de nouveau au sujet du rapport entre ses expériences enfantines et leur effet sur le développement postérieur de l’intellect, en focalisant en particulier sur la façon dont ces expériences ont influencé ses rêves et les visions engendrées par l’opium. Le passage cité raconte un rêve où il revoit la mort d’une de ses soeurs. Cette mort prématurée a été particulièrement traumatique pour le jeune De Quincey à cause d’un sentiment irrationnel de culpabilité qu’il ressentait de ne pas l’avoir suffisamment protégée.

Texte original

Texte témoin
Confessions of an English Opium Eater and Other Writings, London : Penguin Books, 2003, p. 143-4.

Traduction française: Un mangeur d’opium , Neuchatel: La Baconniere, 1976, p. 238. Traduit de l’anglais par Charles Baudelaire.




RĂŞve de jeunesse

Le cadavre de sa sœur

Combien de fois il revit, dans les loisirs de l’école, la chambre funèbre oĂą reposait le cadavre de sa sœur, la lumière de l’étĂ© et la glace de la mort, le chemin ouvert Ă  l’extase Ă  travers la voĂ»te des cieux azurĂ©s; et puis, le prĂŞtre en surplis blanc Ă  cĂ´tĂ© d’une tombe ouverte, la bière descendant dans la terre, et la poussière rendue Ă  la poussière; enfin, les saints, les apĂ´tres et les martyrs du vitrail, illuminĂ©s par le soleil et faisant un cadre magnifique Ă  ces lits blancs, Ă  ces jolis berceaux d’enfants qui opĂ©raient, aux sons graves de l’orgue, leur ascension vers le ciel! Il revit tout cela, mais il le revit avec variations, fioritures, couleurs plus intenses ou plus vaporeuses; il revit tout l’univers de son enfance, mais avec la richesse poĂ©tique qu’y ajoutait maintenant un esprit cultivĂ©, dĂ©jĂ  subtil, et habituĂ© Ă  tirer ses plus grandes jouissances de la solitude et du souvenir.

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