Anonyme

Actes de l’apôtre Pierre et de Simon

Palestine   150

Genre de texte

Texte témoin
Écrits apocryphes chrétiens. Édition publiée sous la dir. de François Bovon et Pierre Geoltrain ; index établis par Server J. Voicu. Paris : Gallimard, 1997, p. 1101-2.




Le songe de Chrysè

Porte-lui dix mille pièces

Comme c’était dimanche et que Pierre adressait la parole aux frères, les exhortant à la foi dans le Christ, il y avait là beaucoup de sénateurs et de chevaliers, et plus encore de matrones et de femmes riches, et tous étaient fortifiés dans la foi. Survint une femme très riche, qu'on appelait Chrysè, parce que toute sa vaisselle était en or et que, depuis sa naissance, elle ne s'était jamais servie de vaisselle en argent ou en verre, mais uniquement en or. Elle dit à Pierre: «Pierre, serviteur de Dieu, celui que tu appelles Dieu s'est tenu près de moi en songe et il m'a dit: ‘Chrysè. porte à Pierre, mon ministre, dix mille pièces d'or; tu les lui dois en effet.’ Je les apporte donc, ayant peur de subir quelque mal de la part de celui qui m'est apparu et qui est remonté au ciel.» Ayant ainsi parlé et déposé l'argent, elle se retira. À cette vue, Pierre loua le Seigneur de ce que les pauvres seraient soulagés. Mais, dans l'assistance, certains lui dirent: «Pierre, tu n'as pas bien fait d'accepter d'elle cet argent. Car elle est décriée dans tout Rome pour sa luxure et parce qu'elle ne s'attache pas à un seul homme ; et elle va jusqu'à faire des avances à ses esclaves. N’aie donc point part à la fortune de Chrysè, mais que soit renvoyé à cette femme ce qui vient d'elle.» Entendant cela, Pierre sourit et dit aux frères: «Ce qu'est cette femme dans la vie, je l'ignore; pour ce qui est d'avoir accepté cet argent, ce n'est pas sans raison que je l'ai fait; en effet, elle se présentait comme débitrice du Christ, et elle le donne aux serviteurs du Christ. C'est lui qui d'avance a pris soin d'eux.»

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