Anaïs Nin
Journal, 1931-1934 Genre de texte Contexte Notes Texte original Texte témoin Édition originale
Journal
Entrée du 30 décembre 1931.
June est la femme de Henry Miller. Anaïs les a aimés tous deux.
Journal, 1931-1934, Paris, Stock, 1969, p. 41
The Diary of Anaïs Nin, 1931-1934, New York, The Swallow Press, 1966, p. 29.
Angoisse des hauteurs
Dans mon rêve la nuit dernière, j’étais tout en haut d’un gratte-ciel et on me demandait de redescendre par l’extérieur sur une échelle de pompier très étroite. J’étais terrorisée. Je ne pouvais pas.
Le caractère de June ne semble pas avoir de forme définissable, de limites, de noyau. C’est ce qui effraye Henry. Il ne connaît pas tout ce qu’elle est.
Est-ce que mon moi m’apparaît comme défini, possible à cerner? J’en connais les frontières. Il y a des expériences devant lesquelles je me dérobe. Mais ma curiosité, ma puissance créatrice m’incitent à franchir ces frontières, à transcender mon caractère. Mon imagination me pousse vers des royaumes inconnus, inexplorés, dangereux. Mais il y a toujours ma nature fondamentale, et je ne suis jamais trompée par mes aventures «intellectuelles» ou mes exploits littéraires. J’élargis, je développe mon moi; il ne me plaît pas d’être une seule Anaïs, entière, familière, finie. Dès que l’on me définit, je fais comme June : je cherche à m’échapper de la prison d’une définition. Suis-je bonne, aimable? Je cherche alors à voir jusqu’où je peux aller dans la méchanceté (pas très loin), dans la dureté. Mais je sens bien que je peux toujours revenir à ma vraie nature. June peut-elle revenir à sa vraie nature?
Et quelle est ma vraie nature?