Anaïs Nin
Journal, 1931-1934 Genre de texte Contexte Texte original Texte témoin Édition originale
Journal
Anaïs Nin et Antonin Artaud discutent de rêves. Cette réflexion se trouve à l’entrée de mars 1933. Artaud est dramaturge.
Journal, 1931-1934, Paris, Stock, 1969, p. 216.
The Diary of Anaïs Nin, 1931-1934, New York, The Swallow Press, 1966, p. 199.
Torture du rêve
«Dans le monde de rêves, de cauchemars, d’hallucinations que j’ai créé», dis-je, «je suis à l’aise. Je suis contente d’y être. Les images les plus terrifiantes qui viennent me hanter ne me font plus peur dès que je les ai écrites.»
«Je n’ai même pas ce soulagement», répondit Artaud. «Ces régions que vous dites que j’atteins, je n’éprouve aucune satisfaction à les atteindre. Tout est torture. Je fais des efforts surhumains pour me réveiller...»
«Mais pourquoi se réveiller ? Pourquoi ? Je préfère mon univers de rêves, mes cauchemars, à la réalité. J’aime ces maisons qui tombent dans la rivière.»
«Oui», dit Artaud. «J’ai remarqué que votre univers semble vous satisfaire. C’est rare. Je sens de grandes abstractions dans La Maison de l’Inceste, une écriture orchestrée, une force, une intensité. Traduisez-m’en quelques passages, je ne lis pas très bien l’anglais.»
Nous parlons de nos peurs, nous en faisons la liste.