Robert-Martin Lesuire
L’aventurier Francois Genre de texte Contexte Un jeune moine amoureux d’une religieuse qu’il a séduite est découvert et enfermé dans un cul-de-basse-fosse. Texte témoin
roman
Le rêve se situe dans le septième et dernier livre du roman.
L’aventurier Francois ou Mémoires de Grégoire Merveil. Londres, Paris, Quillau, 1782, p. 228.
Compensations
Je m’arrangeai le mieux que je pus sur mon siege de pierre, adossé contre la muraille, les pieds sur ma petite butte. Je m’endormis, et qui plus est, je jouis d’un très bon sommeil. Il y a plus, je fis les rêves les plus gracieux. Je tins en songe, dans mes bras, ma Julie couronnée de fleurs, ma Julie couchée avec moi sur un lit de roses, ma Julie qui me laissa pénétrer au temple du bonheur. Je m’éveillai, le corps un peu rompu par la dureté de mon siege, mais d’ailleurs assez frais. «Courage, me dis-je en moi-même, en me rappellant mes rêves! Le ciel ne m’abandonne pas, il m’envoie d’heureux songes pour me consoler et m’annoncer ma délivrance. Oui je sortirai de ce gouffre; oui, ma Julie, je t’arracherai de ces abîmes, et je posséderai tes appas.» A ces mots je me leve plein de courage, je prends ma chaîne, et j’en frappe la muraille, dont je fais sauter de petits éclats.