Claire Martin

Dans un gant de fer

Québec   1965

Genre de texte
Roman

Notes
Claire Martin, née à Québec en 1914, évoque son éducation puritaine dans ce roman largement autobiographique.

Édition originale
Dans un gant de fer, Montréal, Cercle du livre de France, 1965, p. 144-145.




Rêves d’enfant

Le diable et l’Iroquois

Pourtant, toute petite, j’avais déjà le pressentiment que le lit n’est pas fait que pour dormir. C’était une notion informulée mais, si je m’arrête à deux rêves dont je me souviens fort bien, je ne peux que conclure à la présence de cette notion dans mon subconscient. Le premier de ces rêves m’advint aux alentours de mes six ans. J’avais une sorte de conversation affectueuse avec quelqu’un que je n’identifiais pas bien et, tout à coup, je comprenais que c’était le démon. Mais cela ne me faisait pas peur. Au contraire, j’en profitais pour lui faire la leçon et lui expliquer qu’il devrait bien, depuis le temps, demander son pardon et je l’assurais que, de mon côté, je prierais Dieu de lui pardonner. Après quoi il se couchait auprès de moi et se blottissait dans mes bras. Je m’éveillai émue de façon assez érotique, me semble-t-il bien. Le second rêve ressemble au premier et se situe quelques années plus tard. Les Iroquois envahissaient le monastère. Toutes les religieuses (hum!) et toutes les fillettes étaient mortes. Moi, j’étais cachée sous une table recouverte de feutrine verte et j’allais subir le même sort que les autres, puisque je venais d’être débusquée par un jeune Iroquois ? beau, il va sans dire, et fort joliment emplumé?. A lui aussi je fis un petit speech et je dus le convaincre, puisque je lui ouvris, également, mon lit. Ce goût pour les «mauvais garçons» — et quels —! ainsi que pour le sermonnage, me stupéfie assez.

Page d'accueil

- +