Laure Conan

Angéline de Montbrun

Québec   1884

Genre de texte
roman

Contexte
Ce rêve se situe dans l’entrée du 12 juin du journal intime d’Angéline, dans la troisième partie du roman intitulée «  Feuilles détachées».

Après la mort de Véronique Désileux, Angéline apprend dans une lettre que celle-ci l’a désignée comme héritière, étant donné une ancienne dette effacée jadis par M. de Montbrun. Dans cette même lettre, Mlle Désileux exprime sa sympathie à l’égard d’Angéline, qui a dû souffrir la mort de son père et cette maladie qui l’a défigurée. Elle dit partager sa souffrance et ses misères. Quelques jours après avoir lu la lettre, Angéline rêve à la tombe de Mlle Désileux.

Angéline fait un autre rêve très bref, à l’entrée du 18 août de son journal intime, dans la troisième partie du roman intitulée «Feuilles détachées». La veille, Angéline s’était souvenue qu’à la mort de son père, elle était tombée dans un coma dont elle n’était sortie qu’en entendant le chant de Maurice, son fiancé. Ce chant la hante dans son sommeil :

«J’ai rêvé que je l’entendais chanter: ‘Ton souvenir est toujours là’ et depuis... ô folie! folie!» (p. 209)

Notes
(1)Véronique Désileux : protégée de M. de Montbrun, père d’Angéline.

Texte témoin
Angéline de Montbrun, Beauceville, L’Eclaireur ltée, 1919, p. 160.

Édition originale
Angéline de Montbrun, dans la Revue canadienne, Montréal, vol. 17 et 18, juin 1881-août 1882 [excepté mai 1882].




Rêves d’Angéline de Montbrun

La tombe de Véronique Désileux

La nuit dernière, j’ai fait un rêve qui m’a laissé une étrange impression.

Il me semblait que j’étais dans un cimetière. L’herbe croissait librement entre les croix, dont plusieurs tombaient en ruines. Je marchais au hasard, songeant aux pauvres morts, quand une tombe nouvelle attira mon attention.

Comme je me penchais pour l’examiner, la terre, fraîchement remuée, devint soudain transparente comme le plus pur cristal, et je vis Véronique Désileux au fond de sa fosse. Elle semblait plongée dans un recueillement profond; sous le drap qui les couvrait, on distinguait ses mains jointes pour l’éternelle prière.

Je la regardais, invinciblement attirée par le calme de la tombe, par le repos de la mort, et je l’interrogeais, je lui demandais si elle regrettait d’avoir souffert, de n’avoir jamais inspiré que de la pitié.

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