Laure Conan

La sève immortelle

Québec   1925

Genre de texte
roman

Contexte
Ce rêve de Jean de Tilly, personnage principal du roman, se situe vers le milieu du chapitre IV du roman.

Après la chute de Québec, la colonie française est fort appauvrie. On célèbre de manière très rudimentaire les funérailles de Montcalm, le général français qui commandait les troupes de la Nouvelle-France et qui fut tué en 1759, lors de la bataille des plaines d’Abraham. Ce souvenir épouvante Jean de Tilly qui, animé par une volonté féroce de voir sa colonie survivre, se refuse de croire à la défaite des Français. Il raconte ce rêve à son frère, Le Gardeur.

Plus tôt dans le roman, Jean de Tilly avait fait un autre rêve. Alors que la Nouvelle-France vient de passer aux mains des Anglais et que plusieurs patriotes sont morts pendant les combats, Jean de Tilly regrette de voir sa patrie courber l’échine devant l’ennemi. Dans son cauchemar, les défricheurs supplient le ciel de leur rendre leur terre :

«Puis, une apaisante langueur l’envahit... Il s’endormit et rêva que, dans le cimetière de Saint-Antoine de Tilly, il voyait sortir de terre, se lever suppliantes vers le ciel, les mains qui avaient défriché la forêt.» (p. 18).

Une troisième évocation de rêve se situe à la fin du premier tiers du chapitre XIX, quand le major de Muy parle de ses rêves à Jean de Tilly. Le major de Muy lui dit de ne pas croire en la survie de la colonie française dans le Canada anglais. Il estime que l’avenir français de la patrie est un leurre. D’après lui, ceux qui croient à cet avenir, poursuivent des «ombres dans la nuit».:

«Dites-moi, avez-vous jamais rêvé que vous poursuiviez des ombres dans la nuit? Moi, j’ai fait ce rêve, et, quand je les écoute, malgré moi, j’y songe.» (p. 206.)

Notes
Ursulines: Ordre de religieuses fondé en Italie au XVIe siècle et venu s’établir à Québec en 1639.

Édition originale
La sève immortelle, Montréal, Bibliothèque de l’Action française, 1925, p. 52.




Rêves de Jean de Tilly

Le Libera de Montcalm

Mais récemment, j’ai fait un rêve que j’aurais voulu faire durer... un si beau rêve! [...]

— Quel rêve avez-vous fait? interrogea Le Gardeur.

— J’étais encore dans l’église des Ursulines. J’assistais au Libera de Monsieur de Montcalm. La pluie filtrait à travers le toit, coulait sur le drapeau. J’entendais les prières, les sanglots... Quand on prit le cercueil pour le mettre en terre, je saisis le drapeau... je voulus le rouler, mais le drapeau m’échappa des mains... s’éleva très haut... s’étendit au loin... couvrit la terre canadienne. La pluie avait cessé, le soleil brillait.

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