Julien Green
Léviathan Genre de texte Contexte Notes Une fois debout, Guérêt entreprend de traverser la cour à nouveau, pour rejoindre la grille par où il est entré. On comprend qu'il agit dans une demi-conscience, comme l'exprime l'extrait qui suit. Texte témoin Édition originale --, Léviathan, Paris, Plon (coll. « Le Roseau d'or », « OEuvres et chroniques, série 4, no 4 »), 1929, p. 166-168. Édition critique Bibliographie
roman
Guérêt vient de commettre coup sur coup deux meurtres, dont celui d'un innocent vieillard qu'il croit avoir été témoin du premier. La nuit tombée, il se réfugie dans une cour, fermée d'une grille, où se trouve un chantier de construction. Il se cache. S'endort.
Le rêveur se débat en secouant les épaules(dans le rêve ou dans son sommeil ?) pour échapper à une grande main qui tente de lui saisir les cheveux. On ne trouve pas ici une histoire rêvée, mais une image de cauchemar, menaçante.
Julien Green, Léviathan, Paris, Plon (coll. « Le Roseau d'or », « OEuvres et chroniques, série 4,no 4 »), 1929, p. 166-168.
Julien Green, « Léviathan », la Revue de Paris, de décembre 1928 à mars 1929. Le roman est publié alors qu'il est en cours de rédaction. Le texte édité ici correspond à la section v IV, 15 janvier 1929, p. 421-423.
Julien Green, Œuvres complètes, éd. Jacques Petit, vol.1,Paris, Gallimard (coll. « Bibliothèque de la pléiade »), 1972, « Léviathan », p. 579-814, p. 691-692.
FIELD, Trevor, « The litterary significance of dreams in the novels of Julien Green », Modern Language Review, Cambridge, 1980,no 75, p. 291-300, notamment p. 292.
Une main sur son visage
Son sommeil dura jusque vers minuit. Quelque chose qui passait et repassait obstinément tout près de son visage l'avait éveillé, le frôlant presque. Dans les rêves incohérents qui traversaient son cerveau, c'était une grande main cherchant à saisir ses cheveux et, pour éviter ce contact, il faisait des mouvements convulsifs qui lui secouaient les épaules. En réalité ce n'était qu'un de ces gros rats lustrés et repus qui semblent être nés spontanément du charbon, dormant le jour et se promenant la nuit dans leur chantier comme dans un jardin merveilleux plein de fortes senteurs et d'allées labyrinthiennes.
Il se leva et gagna en titubant le mur qu'il suivit jusqu'Ã la grille[...].
[...]
Il regarda devant lui quelque temps, comprenant mal où son rêve avait pris fin et l'état de veille recommencé (p. 693).
[...]
Ce n'était plus dans un rêve qu'il traversait la cour. Le rêve, c'était la main qui, tout à l'heure, cherchait à le saisir aux cheveux, mais les pas qui le portaient vers la maison au bout du chantier étaient vrais . Il percevait leur son [...](p. 693).