Yves Navarre
Kurwenal ou La part des êtres Genre de texte Contexte En sortant du cinéma, David, 40 ans, drague un garçon nommé Roland, 29 ans. Ils se rendent chez Roland où ils font l’amour. L’amant de Roland téléphone et va les rejoindre. David se sent bientôt de trop devant la relation qui unit Roland et Loïc. Il part et leur souhaite du bonheur. Ce soir-là , il fait ce rêve. Texte témoin
Roman
Le rêve se trouve environ au tiers du livre.
Paris : R. Laffont, 1977, p. 135.
La revanche du rêve
David rêve. Il se voit marcher, nu, de nuit, dans une rue de banlieue. Il fait froid. Il pleut. De chaque côté de la rue, un mur. Un long mur. Il cherche la maison, une maison, la sienne enfin, mais plus il marche, plus les murs se font hauts. Il se met alors à courir. Et plus il court, plus son sexe se durcit. Il le tient, il le brandit. Il trébuche, il tombe à plat. Son sexe entre en lui, comme un glaive. Il se réveille. En sueur. Il se frotte les yeux, remonte la couverture, se pelotonne dans ses bras. II a joui. Le drap est criblé. Il se fait une petite place, au bord du lit, côté fenêtre, au froid. David n’aime pas ces rêves. Avec eux, il joue au bel indifférent. I1 se dit « ça ne pouvait se terminer que comme ça », et il se force à fermer les yeux. II ne dormira plus. La revanche du rêve.