Nicolas Rétif de la Bretonne

La Paysane Pervertie

France   1784

Genre de texte
roman

Contexte
Le rêve se trouve dans la huitième et dernière partie du roman, dans la lettre 164 datée du 25 décembre. La marquise De* confie à Mme Parangon que Dieu lui inspire le désir de sa mort qu’elle sent approcher.

Ursule, qui est devenue la marquise De* à la suite de son mariage, raconte à madame Parangon un rêve qu’elle a fait de son frère Edmond, porté disparu depuis plusieurs années après avoir échappé aux galères à la suite d’un crime. Ce songe annonce la mort d’Ursule qui sera assassinée par son frère qui croyait à tort que sa sœur vivait toujours dans le vice.

Notes
Dans l'édition originale, le songe d'Ursule est illustré par une gravure sur laquelle on peut lire «incestueuse», un des thèmes favoris de Rétif de la Bretonne.

Texte témoin
La Haie, Paris, Vve Duchesne, 1784, p. 230-231. Texte intégral sur Gallica.




Les rêves d’Ursule 3

Victime de violence

La nuit j’ai-fait un songe affreus. Il m’a-semblé que j’avais-été-visiter les pauvres prisoniers, comme je me propose de le faire en-sortant de l’office, et que dans un sombre cachot, j’avais-trouvé Edmond, chargé de fers. En-me voyant, il a-dit au geolier qui m’accompagnait : retiens-la! voila ma complice : charge-la de fers. en-même-temps il a-secoué les siens d’une manière affreuse; ils sont-tombés; il est-venu sur moi d’un air furieus, et sans lui rien voir à la main, je me suis-sentie-frappée au dessous du sein. Mon sang a-coulé à gros-bouillons. Edmond, d’un air furieus, en-a-recueilli dans un crâne; il en-a-bu! Je lui ai-dit : je te pardonne ma mort, infortuné! je n’ai que faire de ton pardon! regarde! ... il m’a-montré une tête qu’il tenait par les cheveus, sanglante, la bouche ouverte, les ieux menaçans : c’était celle de ma mère! J’ai-fait un effort terrible pour fuir, et je me suis-éveillée trempée de sueur.

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