Jean Bodel

La Chanson des Saisnes

France   1170

Genre de texte
poème épique

Contexte
L’empereur Charlemagne rêve que ses chasseurs sont aux prises avec des sangliers féroces et que le duc Naimes se bat contre le plus grand d’entre eux. Plus tard dans le récit, lorsque Charlemagne entend que le duc Naimes se bat contre Salori, il comprend que son rêve s’est concrétisé. Le sanglier qu’il a vu Naimes tuer représentait Salori, son ennemi.

Notes
« La Chanson des Saisnes ( ou Chanson des Saxons), composée dans le dernier tiers du XIIe siècle, est un poème épique de 8079 vers alexandrins. Elle raconte la guerre de Charlemagne contre Guiteclin, roi des Saxons.

Texte original

Texte témoin
Jehan Bodel, La Chanson des Saisnes, édition d’A. Brasseur, Genève : Librairie Droz S. A., « Textes littéraires français », 1989, vers 7353-7367 et 7558-7561. Traduction : Y. Lepage et J. Dionne.

Bibliographie
Article de Charles Foulon, in Georges Grente (dir.), ‹i›Dictionnaire des Lettres françaises. Le Moyen âge. ‹/i› Édition entièrement revue et mise à jour sous la direction de Geneviève Hasenohr et Michel Zink, Paris : Fayard, 1992, p. 749.




Le rêve de Charlemagne

Attaqué par un sanglier féroce

Charlemagne s’est endormi sous sa couverture. Cette nuit-là, il fit un rêve qui le jeta dans une grande frayeur : il lui semblait que ses chasseurs étaient en Ardenne et qu’ils se trouvaient en présence de sangliers d’une très grande férocité. Ces derniers se mettent en position d’attaque, car ils n’ont pas peur des chiens. Parmi eux il s’en trouvait un, le plus grand de tous, qui avait des dents affûtées comme un rasoir tranchant. Il semblait à Charlemagne qu’il éventrait son cheval de bataille: il l’aurait bientôt contraint à aller à pieds quand le duc Naime arriva sur un cheval de chasse avec sa bonne épée dégainée et reluisante. Il alla frapper le sanglier avec force et fureur, lui tranchant la tête sans tarder.

Charlemagne était dans la chambre où il avait rêvé : une apparition n’aurait pas pu paraître plus vraie que ce qu’il vit. […]

— Sainte Marie, reine couronnée, dit l’empereur Charles, quel pénible destin! Mon rêve de la nuit dernière s’est réalisé : voilà le sanglier que j’ai vu dans la forêt branchue.

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