Langxian

Spectacles curieux d’aujourd’hui et d’autrefois

Chine   1640

Genre de texte
conte

Contexte
Alors qu’il était pauvre, Mo Ji avait épousé Yunu, fille d’un homme de basse condition, mais riche. Il avait ainsi pu continuer ses études et atteindre au grade de mandarin. Dès lors, souffrant de la basse origine de Yunu, il décide de s’en débarrasser en la jetant à l’eau, alors qu’il est sur un bateau. Cette dernière est rescapée peu après par un autre mandarin, qui est justement le supérieur hiérarchique de Mo Ji. Ce mandarin adoptera la fille et, par une manœuvre habile, amènera Mo Ji à la lui demander en mariage. Les époux seront ainsi réunis, mais non sans que Yunu ait fait administrer à Mo Ji une solide bastonnade. Le conte se termine peu après ce rêve.

Texte témoin
«Jin Yunu fait donner du bâton à un mari sans cœur». Chap. XXXII des Spectacles curieux d’aujourd’hui et d’autrefois, texte traduit, présenté et annoté par Rainier Lanselle, Paris, Gallimard, Collection de la Pléiade, 1996, p. 1343.




Vision de Mo Ji

Une mort avancée

Mo Ji quitta ce monde à cinquante ans passés, et précéda Yunu dans la mort. Quelques jours avant celle-ci, une divinité lui apparut en rêve, qui lui dit: «Tu n'étais pas destiné à mourir si tôt mais pour avoir, dans ce moment funeste de ta vie où tu attentas sans raison aux jours de ton épouse, insulté aux sacrés liens qui gouvernent la communauté des hommes et gâté ce sentiment inné de la justice qui devrait diriger tous les mouvements de leur cœur, la Divinité irritée, changeant ton destin, retira un cycle duodécimal du nombre des années qu'il t'avait départies, ainsi que trois degrés dans la hiérarchie des fonctions ; mais cependant tu l'as vu: ton épouse ne mourut point, et tu lui fus réuni: vois dans ce trait heureux les lumineux desseins de la Divinité, qui a voulu, tout en épargnant les jours d'une innocente, alléger le poids de ta faute.»

Lorsqu'il s'éveilla, Mo Ji soupira longtemps, et révéla aux siens les divines paroles que son rêve lui avait communiquées. Il se dit alors (et avec raison) qu'il ne se relèverait point de la maladie qui l'avait tenu couché.

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