Valerius Flaccus

Les Argonautiques

Rome   90

Genre de texte
Épopée

Contexte
Le jeune Hylas a été entraîné par une Nymphe dans l’eau sur laquelle il se penchait. Il est devenu un demi-dieu. Hercule le cherche désespérément. Pour le calmer, son père Jupiter le fait plonger dans le sommeil. C’est alors que l’ombre d’Hylas lui apparaît. Il apprend à Hercule que se socmpagnons l’ont abandonné sur les conseils de Méléagre. Il lui prédit son avenir glorieux.

Notes
«Les tempes sont traditionnellement le siège du sommeil et celui-ci est souvent décrit comme un liquide qui se répand à travers le corps, cf. Lucrèce 4, 907-8. (J. Bouquet, 98).

Texte original

Texte témoin
Caius Valerius Flaccus, Argonauticon, 4, 15-43. Texte et traduction extraits de Itineraria electronica.

Bibliographie
Jean Bouquet, Le songe dans l’épopée latine d’Ennius à Claudien, Bruxelles, Labor, 2001.




Songe d’Hercule

L’ombre du jeune Hylas

Il dit, et sur le front d’Hercule errant çà et là, il verse une rosée mystérieuse, parfumée de nectar, et toute puissante pour rendre le calme à son cÅ“ur, le sommeil à ses yeux. Pendant que ses paupières s’appesantissent, le nom d’Hylas sort toujours de sa bouche. Mais le héros n’a plus la force de résister à l’influence de Morphée; il tombe. La forêt émue redevient silencieuse, sur les eaux, dans les montagnes, on n’entend plus que le souffle des vents. Bientôt il lui sembla voir s’élever au-dessus de l’eau Hylas, paré de fleurs de safran, dons de la perfide Naïade, se pencher sur sa tête, et lui parler ainsi: «Pourquoi, mon père, te consumer en plaintes inutiles? Ce bois, cette fontaine est ma demeure; telle est ma destinée, depuis que, docile aux cruels conseils de Junon, une Nymphe m’a ravi par trahison, m’a ouvert les portes du ciel, un accès près de Jupiter, et associé aux dieux, aux honneurs qu’elle reçoit des humains. Adieu donc, flèches chéries que je portai jadis! Entraînés par l’éloquence passionnée, par les conseils jaloux de Méléagre, nos compagnons, le vent en poupe, ont quitté ces rivages; mais il en sera puni, lui, sa maison, sa famille; et déjà sa mère prépare ta vengeance. Lève-toi donc, et lutte sans relâche contre l’adversité. Bientôt tu seras au ciel; les astres t’y gardent une place. Jusque là n’oublie jamais notre amitié, et que jamais ne s’éloigne de toi la douce image de ton jeune compagnon.» Ainsi parlait Hylas, en considérant Hercule avec attendrissement. Celui-ci fait un effort, et cherche à l’étreindre de ses bras; mais l’engourdissement les enchaîne, et il ne saisit que le vide. Le sommeil paralyse ses forces; l’ombre le fuit et trompe ses désirs. Il pleure alors; il l’appelle; il s’épuise en vains gémissements et voit enfin son espoir se dissiper avec le sommeil.

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