Carl Gustav Jung

Ma vie

Suisse   1961

Genre de texte
Mémoires

Contexte
Comme la Première Guerre mondiale éclatera le 1er août, Jung considère que cette série de rêves était prémonitoire. Elle lui intimait aussi de comprendre «dans quelle mesure [sa] propre expérience vivante était liée à celle de la collectivité».

Notes
Le roman Pilgrim de Timothy Findley évoque ce rêve de Jung (fiche 1355).

Texte original

Texte témoin
Erinnerungen, Träume, Gedanken , Zürich und Stuttgart, 1961, p. 179.

Ma vie, souvenirs, rêves et pensées. Traduit de l’allemand par Roland Cahen et Yves Lelay, Paris, Gallimard, 1966, p. 204-205.




Un rêve récurrent

Gel soudain

Peu après — c’était le printemps ou le début de l’été 1914 —, un rêve se répéta trois fois : au beau milieu de l’été, un froid arctique faisait irruption et la terre se trouvait pétrifiée sous le gel. Une fois, par exemple, je vis que toute la Lorraine, avec ses canaux, était gelée. Toute la région était comme désertée des hommes et tous les lacs et toutes les rivières étaient recouverts de glace. Toute végétation vivante était figée par le gel. Ces images de rêves se produisirent en avril, en mai, et pour la dernière fois, en juin 1914.

Lors de la troisième répétition de ce rêve, un froid monstrueux qui semblait provenir des espaces intersidéraux avait envahi la terre. Toutefois, ce rêve eut une fin imprévue. Il y avait un arbre portant des feuilles mais pas de fruits (mon arbre de vie, pensai-je), dont les feuilles s’étaient transformées sous l’effet du gel en grains de raisin sucrés, pleins d’un jus bienfaisant. Je cueillais les raisins et les offrais à une foule nombreuse qui attendait.

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